De loin comme de près, Kamel ressemble à Dahmane El-Harrachi le créateur de Ya Rayah, (devenu tube planétaire grâce à sa reprise par Rachid Taha) dont il est bel et bien le fils aîné.
Né en Algérie en 1973, Kamel n’a eu de cesse depuis son enfance, de marcher sur les traces de son père. Ouvert sur d’autres styles, il ne se lassait pas d’entendre d’autres figures emblématiques du chaâbi, genre citadin populaire jailli de la casbah d’Alger dans les années quarante, comme Hadj M’rizek, el-Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi ou Bouadjadj pour mieux s’imprégner de leur art.
En 1991, Kamel prend le nom d’El-Harrachi pour perpétuer sa mémoire, enregistre sa première cassette chez Afric-Audio à Douéra, dans l’Algérois, où l’on peut se délecter de deux titres inédits de ce dernier. Ce garçon, aussi discret qu’efficace, a presque le même jeu de mandole que son père, mais une voix moins rocailleuse.En 1994, il s’exile à son tour en France et commence par se produire, tout comme son père, dans les cafés parisiens, pour finir sur des scènes telles que le Printemps de Bourges. Il poursuit, loin de tout tapage, une carrière musicale qui fait les délices de tout un public.
Dans son spectacle Kamel El Harrachi nous fait partager ce qui est pour lui du domaine de la tradition familiale. Accompagné de 6 musiciens, banjo, piano, percussions, violons, tar et contrebasse le jeune homme à la mandole sait créer l’ambiance. Du public quelques youyous fusent, les battements de mains donnent la mesure ou s’effacent pour laisser toute la place à un dialogue sur le fil entre la mandole et le banjo, ou une modulation de voix…Chaleur et convivialité sont au rendez-vous.
Sur scène Kamel interprète quelques chansons fétiches de son père, des textes inédits écrits par son père et ses propres compositions.
Kamel El Harrachi fait partie d’une génération de jeunes musiciens attachés au genre chaâbi et soucieux de le voir évoluer avec son temps. Il a d’ailleurs introduit une contrebasse, un piano, et sur certains morceaux des congas. Il a aussi travaillé l’orchestration, et écrit ses propres textes, qui relèvent, comme ceux des anciens, “du social”. “Le chaâbi parle de la vie des gens, de la société, de l’exil, de la trahison, de l’amour…” continue-t-il.
En clôture du spectacle, Kamel El Harrachi, chante le rugueux « Ya Rayah », et fait chanter le public avec lui. Quelques jeunes femmes se lèvent pour danser, le public en redemande, et les musiciens lui offrent un dernier morceau. Un jeune artiste en devenir, un futur maître d’un genre populaire qui ne risque pas de disparaître, le chaâbi.